Tony Chu T.1 – Goût décès

Éditeur : Delcourt

Scénario : John Layman

Dessin et couleurs : Rob Guillory

Date de sortie : décembre 2012

Tony Chu est cibopathe. Cibo- pour les aliments -pathe pour la souffrance, les émotions qu’il en tire. En plus clair : quand il mange quelque chose Tony peut ensuite retracer l’histoire de ce qu’il a ingurgité. Et il est inspecteur de police, aussi (là vous commencez à faire le lien).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’idée de départ est originale. À la trame connue du polar, les auteurs ont ajouté un petit quelque chose de totalement décalé. De quoi mettre du croustillant dans les enquêtes ! Du beurre dans les épinards, de la sauce sur… bref. Une bonne parodie aux séries trop sérieuses du genre : aux pouvoirs du type lire dans les pensées, être médium, voir le passé ou l’avenir… on oppose Tony Chu. Comparaison cocasse, tout comme les situations auxquelles il se retrouve confronté ! Le premier tome est plutôt réussi et les personnages secondaires aussi savoureux que Tony lui-même.

Nous venant des États-Unis, cette saga a été publiée en chapitres, assez courts, et rassemblée en tomes pour l’exportation vers l’Europe. S’en suivent quelques répétitions à chaque début de chapitre, des « previously on Tony Chu » pour les habitués de séries, éventuellement lassants pour nous qui lisons tout d’un trait. Sautez juste cette page et il n’y paraîtra plus, on n’allait quand même pas trancher dans la BD pour éviter ça !

Aux US la série s’appelle Chew. Et pour le glamour on repassera. Tony, pour que sa particularité lui soit utile, il doit donner de sa personne. D’abord, son « don » a fait de sa vie un enfer (je vous laisse imaginer ce que cela peut donner s’il avale un steak haché, ce serait une manière extrêmement efficace de convertir l’humanité au végétarisme), le condamnant à avoir toujours faim. Mais en plus, ses cadavres à croquer ne sont pas tous frais d’une scène de crime du jour. Ils peuvent avoir mis un certain temps à remonter jusqu’à lui, chaîne du froid totalement interrompue au passage. Ceci d’autant plus que son supérieur s’en amuse grandement, partagé comme il l’est entre répulsion pour son subalterne et… ah non, seulement répulsion.

Un bon point de départ donc, avec un univers graphique marqué et des couleurs un peu maladives pour compléter l’ambiance. Côté scénario, et comme toujours dans les séries destinées à durer un peu, on démarre une petite histoire pour être introduit dans la grande. On apprendra donc très vite que le poulet est devenu illégal suite à une épidémie mondiale, mais que ce n’est pas du goût de tout le monde. Pour le reste je vous laisse sauter de « repas » particuliers en situations déjantées. Tony Chu, si vous aimez l’humour noir ou un peu glauque, c’est cool.

NB : la série a obtenu deux Eisner Awards, le Best new serie en 2010, et le Best continuing serie en 2011.